Entrevista no Ecrans com Philippe Lemoine, presidente do “Forum d’action modernités”, da Fing (Fondation Internet nouvelle génération) e membro do Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés). Ele acaba de lançar o livro “La Nouvelle Origine” (éditions Nouveaux Débats publics)
Trecho sobre internet, vontade de potência, determinismo, excesso…
“Vous êtes aux avant-postes pour décrypter les nouvelles technologies. Vous les mettez en œuvre dans votre société. Et, pourtant, vous en faites le procès…
Je ne pense pas que les technologies de l’information jouent un rôle déterministe, comme on l’a fait croire au moment de la bulle Internet. Ce sont juste des outils. Mais a-t-on la maturité pour les exploiter? Est-ce que le développement technique se soumet à des finalités déterminées par la société? Ou est-ce qu’il se développe pour la puissance de la puissance? Le système d’adressage d’Internet permet de gérer aujourd’hui quatre milliards d’adresses. A priori, cela peut sembler suffisant. Mais, avec l’irruption de l’Inde, de la Chine, et parce que les Américains gèlent pour leur propre compte un nombre considérable d’adresses, ce nombre est trop juste. On aurait pu passer de 4 à 10 milliards d’adresses, c’était suffisant. Au lieu de cela, avec le passage à l’IPv6 [la version 6 du protocole d’Internet], on saute à une échelle tout à fait différente. On va pouvoir piloter 340 milliards de milliards de milliards de milliards d’adresses. Cela correspond grosso modo au nombre d’atomes peuplant la Terre. On vise l’échelle atomique. Nous sommes dans le registre absolu de la volonté de puissance : il n’y a pas de pensée aujourd’hui pour la domestiquer. C’est cela qu’on trouve chez Nietzsche. La volonté de puissance, c’est quand il n’y a plus de finalité humaine. Or, le débouché naturel d’un excès de puissance par rapport à l’emploi de cette puissance, c’est la guerre… C’est en cela que le postulat qui fonde toutes les lois informatique et libertés est toujours actuel et pertinent. Il ne s’agit pas de bloquer ou de freiner la progression technologique. Il s’agit d’en subordonner l’usage à des exigences humaines légitimes.”